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Citation de David Ben Gourion

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David Ben Gourion, Israel

« Lorsqu’il a fallu choisir entre toute la terre sans État juif et un État juif sans toute la terre, c’est cette seconde option que nous avons choisie. »

David Ben Gourion, homme politique Israélien, fondateur de l’État d’Israël, discours de 1949 à la Knesset, (1886-1973)

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Citation de Jérôme Valcke

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Jerome Valcke, secrétaire général de la Fédération internationale de football association

« Un moindre niveau de démocratie est parfois préférable pour organiser une Coupe du monde ».

Jérôme Valcke, secrétaire général de la Fifa, déclaration d’Avril 2013, (1960-)

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14-18: la cruelle vérité sur l’entrée en guerre des Américains en 1917

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« Lafayette, nous voilà ! » C’est au son de cette phrase* que les Américains entrent en guerre aux cotés des Alliés en Avril 1917, soulevant l’enthousiasme Franco-Britannique et apportant un soutien décisif pour l’issue de la Première Guerre Mondiale. Mais pourquoi se décident-ils à ce moment ? Quels étaient leurs intérêts ? Et pourquoi avoir autant attendu ?
Nous avions déjà rapporté certaines vérités troublantes autour du déclenchement de la Première Guerre Mondiale lors de notre article sur l’historien conférencier Henri Guillemin (cf. La première guerre mondiale et ses raisons obscures). Intéressons-nous cette fois-ci aux véritables raisons qui ont poussé les États-Unis à s’engager dans la Grande Guerre.

*=prononcée le 4 juillet 1917 par le colonel Charles E. Stanton devant la tombe du marquis Français
Etats-Unis entre en guerre contre l'Allemagne, 6 Avril 1917

Une du « New York American » le jour de la déclaration de guerre Américaine

Pour commencer rappelons que si les États-Unis n’entrent militairement en guerre qu’en Avril 17, ils sont déjà fortement engagés aux cotés des Français et Britanniques. En effet, sur le plan financier, ils ont à cette époque déjà consenti plus de 10 milliards de dollars de prêts aux Alliés contribuant ainsi de façon décisif à l’effort de guerre contre l’Allemagne et l’Autriche. Dans cette logique la part des États-Unis dans les importations de la France est multipliée par huit entre 1913 et 1916. Les USA ont donc déjà (entre guillemets) « choisi leur camp ».

Lorsqu’un peuple est sur le point de se sentir trop riche, une guerre est nécessaire pour l’arracher à la tentation du bonheur

C’est dans ce contexte qu’à été réalisé l’interview qui suit. Ils s’agit d’un document d’archive exhumé pour l’exposition « Entre les lignes et les tranchées » depuis le 9 avril au Musée des Lettres et Manuscrits à Paris (exposition réalisée à partir de l’ouvrage de Jean-Pierre Guéno ,Gérard Lhéritier**).
En Mars 1917, le plus grand banquier des États-Unis – qui a tenu a rester anonyme – est interrogé par le journaliste des Annales, Camille Feripisoni. Un mois avant l’entrée en guerre Américaine, il explique que les raisons en sont avant tout économiques :

« Je pourrais vous confier que lorsqu’un peuple est sur le point de se sentir trop riche, une guerre est nécessaire pour l’arracher à la tentation du bonheur. Mais les idées abstraites ne sont pas mon fort, je ne connais que les chiffres. J’ignore Lafayette, j’ignore si l’Allemagne a attaqué la première. De l’Histoire je ne retient que la statistique… Je sais une chose c’est que la grande Guerre a quintuplé le chiffre de nos affaires et décupler nos bénéfices, et tout ce trafic magnifique nous l’avons opéré avec les Alliés.

Vos traites ne vaudront que ce que vaudra votre victoire. Il faut que vous soyez victorieux à tous prix pour faire face à vos engagements.

Vous nous avez payé partie en or, mais vous nous avez payé aussi avec du papier, or vos traites ne vaudront que ce que vaudra votre victoire. Il faut que vous soyez victorieux à tous prix pour faire face à vos engagements. Je vois plus loin encore: il vous faudra reconstruire tout ce qui a été détruit. Cet argent que nous avons gagné sur vous, nous vous le prêterons pour relever vos villes, pour rebâtir vos fabriques, pour créer à nouveau votre existence économique. Un beau champs s’offre là pour nos placements futurs, mais ce champs ne sera profitable que si vous triomphez avant l’épuisement complet. Voilà pourquoi nous voulons votre victoire rapide.

Cet argent que nous avons gagné sur vous, nous vous le prêterons pour relever vos villes

L’Union vous aidera ! Nous vous aiderons plus encore que vous ne le pensez… Nous enverrons des volontaires, nous voterons le service militaire obligatoire, et nous augmenterons encore notre production en obus, en canons… »

Ainsi c’est plus de 2 millions de soldats étasuniens qui viendront se battre en France défendre les intérêts financiers de l’Amérique…

** = « Entre les lignes et les tranchées : photographies, lettres et carnets, 1914-1918 » de Jean-Pierre Guéno et Gérard Lhéritier chez Gallimard

Citation d’Evelyne Ritaine

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Evelyne Ritaine, Directrice de recherche FNSP

« La culture, c’est ce qui sert à empêcher l’énonciation du conflit social.« 

Evelyne Ritaine, directrice de recherche en Science politique et sociologie comparatives (Centre Émile Durkheim, Bordeaux)

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Citation de Charles de Gaulle

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Charles de Gaulle, 18e président de la République française
« Israël ayant attaqué, s’est emparé, en six jours de combat, des objectifs qu’il voulait atteindre. Maintenant, il organise, sur les territoires qu’il a pris, l’occupation qui ne peut aller sans oppression, répression, expulsions, et il s’y manifeste contre lui une résistance, qu’à son tour, il qualifie de terrorisme.« 

Charles de Gaulle, 18ième président de la République Française (1890-1969), extrait d’une conférence de presse du 27 novembre 1967

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Citation de Groucho Marx

L’accord de libre-échange transatlantique: les raisons de la colère (1/2)

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On l’appelle Accord de Libre-Echange Transatlantique (ALET) ou Partenariat Transatlantique pour le Commerce et l’Investissement (PTCI) et les anglophones TAFTA pour Transatlantic Free Trade Agreement ou encore TTIP pour Transatlantic Trade and Investment Partnership… une multitudes d’acronymes qui entretiennent le flou sur un projet qui a été pensé dans l’ombre. Seulement maintenant que la commission Juncker a été désignée, la vitesse supérieure va pouvoir être enclenchée pour les négociations avec les Américains. Des tractations au cœur desquelles nous trouverons Pierre Moscovici, nouveau commissaire aux affaires économiques et droits de douanes, et grand défenseur du projet TAFTA. Est-ce que ce sera l’occasion d’un peu plus de transparence envers les citoyens Européens, comme l’ancien ministre de l’économie en faisait le vœux (pieux ?) lundi sur France Inter ? Rien n’est moins sûr tant ce projet cache – depuis le départ – ses véritables objectifs.

La suite de ce dossier sur le TAFTA sera publiée la semaine prochaine, en questionnant notamment les intérêts Américains.

1/ Le contenu de projet d’accord

Qu’-y-a-t-il dans cette accord ? Quel mandat de négociations ont les représentants de l’Europe de la Commission Européenne ? On l’aura compris, la transparence c’est une partie du problème. Le détails des tractations n’est pas public et plus grave encore les objectifs restent très flous.

A notre disposition pour en juger nous avons le mandat de négociation adoptés par les ministres au mois de Juin (non sans de multiples aller-retour quant aux différentes versions de ce mandat). On y trouve par exemple:

« L’accord devrait prévoir la libéralisation progressive et réciproque du commerce et de l’investissement en biens et services ainsi que des règles sur les questions liées au commerce et à l’investissement avec un accent particulier sur l’élimination des obstacles réglementaires inutiles.

L’accord sera très ambitieux, allant au-delà des engagements actuels de l’OMC. »

Ou bien encore:

« L’accord devrait inclure des dispositions sur la politique de concurrence, y compris les dispositions relatives aux lois antitrust, les fusions et les subventions. En outre, l’accord doit traiter les monopoles d’État, les entreprises publiques et entreprises bénéficiant de droits spéciaux ou exclusifs. »

L’accord vise ainsi à « améliorer l’accès mutuel aux marchés publics à tous les niveaux administratifs (national, régional et local) et dans les domaines des services publics »

Le TAFTA vu par « Presse toi à gauche »

Ce mandat de négociation fait craindre aux ONG une dénaturation progressive de l’ensemble des politiques publiques de protection des citoyens, que ce soit (pour ne citer qu’eux) dans le domaine des données privées, sur les OGM ou sur les gaz de schistes.

Comme le détaille Dominique Plihon pour Marianne, dans le domaine de la propriété intellectuelle, les enjeux sont par exemple considérables. « Le renforcement de la lutte contre la contrefaçon et de la protection des droits conférés aux multinationales par la détention de licences et de brevets (dont la Commission est une fervente avocate) menace l’accès des citoyens à un internet libre, mais aussi à des médicaments génériques bon marché.« 

Une dénaturation progressive de l’ensemble des politiques publiques de protection des citoyens

L’Économiste Atterré ajoute aussi que « la sécurité alimentaire est un autre aspect emblématique de la relation commerciale États-Unis-Union européenne« . « Le risque est grand de voir les multinationales américaines obtenir la levée des normes sanitaires interdisant aujourd’hui l’importation dans l’UE de viandes chlorées ou hormonées, ou encore de plantes génétiquement modifiées.« 

D. Plihon s’interroge aussi sur les « États membres et les citoyens  qui refusent l’extraction de ressources présentes sur leurs territoires – en particulier le pétrole et le gaz de schiste« . « Pourront-ils résister aux multinationales du secteur énergétique et aux pouvoirs publics états-uniens qui considèrent ces ressources comme la garantie de l’autonomie énergétique et de la compétitivité ?« 

2/ La possibilité de porter plainte contre les états

Un autre volet du projet de traité qui inquiète – et qui est pour ainsi dire au cœur de TAFTA -  c’est l’institution de clauses et de procédures d’arbitrage, dites « investisseur-État », permettant aux firmes de porter plainte contre les États et les collectivités territoriales qui auraient mis en place des réglementations considérées contraires à leurs intérêts.

Permettre aux firmes de porter plainte contre les États et les collectivités territoriales qui auraient mis en place des réglementations considérées contraires à leurs intérêts

Ce genre de disposition existe déjà dans l’accord de libre échange USA-Canada et il a considérablement changé la donne des pouvoirs publics au pays des érables… La plainte d’une firme contre  l’État Canadien a par exemple débouché sur une compensation imposée à hauteur de 1,1 milliard de dollars…

Pour José Bové ce dispositif est l’objectif majeur des multinationales dans cet accord. Il constitue une atteinte sans précédent aux pouvoir législatif:

« Ce n’est pas un accord de libre-échange que les multinationales veulent, mais la possibilité de pouvoir attaquer des lois prises par les États qui réduiraient leur profitabilité. Avec la mise en place d’un accord de ce type, les gouvernements et les assemblées se lient elles-mêmes les mains dans le dos.

Avec la mise en place d’un accord de ce type, c’est la loi sur la fracturation hydraulique qui sera attaquée et les moratoires sur les OGM qui seront traînés en justice devant un tribunal international hébergé par la Banque Mondiale. »

3/ L’arnaque de l’exception culturelle

Abandonner l’exception culturelle serait « une opération à cœur ouvert de l’Europe sans anesthésie » a déclaré Bérénice Bejo le 11 Juin devant le Parlement Européen, lisant un texte de Wim Wenders.

Quelles concessions coûteuses sur d’autres dossiers la France a dû faire pour pouvoir poser son veto pour l’exception culturelle ?

Grâce à cette mobilisation exemplaire des artistes, cinéastes, musiciens… le gouvernement français a dans la foulée affirmé avoir imposé que le dossier de « l’exception culturelle » soit exclu du champ des négociations. Mais peut-on faire confiance à la Commission Européenne, opposées à cette exclusion, qui a critiqué publiquement la position française ? La France sera-t-elle prête à opposer son veto, au risque de devoir faire des concessions coûteuses sur d’autres dossiers ?

En attendant les ONG et militants de longues dates contre le TAFTA espèrent que les artistes mobilisés resteront à bord, une fois l’exception culturelle gagnée, car selon eux c’est la logique même de cet accord de libre-échange UE-USA qu’il faut combattre.

La suite de ce dossier sur le TAFTA sera publiée la semaine prochaine, en questionnant notamment les intérêts Américains.

Sources et compléments :

L’accord de libre-échange transatlantique: les raisons de la colère (2/2)

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On l’appelle Accord de Libre-Echange Transatlantique (ALET) ou Partenariat Transatlantique pour le Commerce et l’Investissement (PTCI) et les anglophones TAFTA pour Transatlantic Free Trade Agreement ou encore TTIP pour Transatlantic Trade and Investment Partnership… une multitudes d’acronymes qui entretiennent le flou sur un projet qui a été pensé dans l’ombre. Seulement maintenant que la commission Juncker a été désignée, la vitesse supérieure va pouvoir être enclenchée pour les négociations avec les Américains. Des tractations au cœur desquelles nous trouverons Pierre Moscovici, nouveau commissaire aux affaires économiques et droits de douanes, et grand défenseur du projet TAFTA. Est-ce que ce sera l’occasion d’un peu plus de transparence envers les citoyens Européens, comme l’ancien ministre de l’économie en faisait le vœux (pieux ?) lundi sur France Inter ? Rien n’est moins sûr tant ce projet cache – depuis le départ – ses véritables objectifs.

La première partie de ce dossier sur le TAFTA a été publiée la semaine dernière, analysant notamment le contenu du mandat de négociation donné à la Commission Européenne

4/ Les bénéfices économiques attendus du TAFTA

Les défenseurs du TAFTA prétendent qu’un tel accord générerait des réductions de frais à l’exportation, un coup de fouet pour la production européenne, et des dizaines de milliers d’emplois de part et d’autre de l’Atlantique. D’après le mandat de négociation donné à la Commission Européenne il pourrait « accroître le PIB de l’UE entre 0,27% et 0,48%, et le revenu national par l’UE jusqu’à 86 milliards d’euros. » Des effets d’annonce qui ne reposent malheureusement sur aucune étude sérieuse et qui sont impossible à infirmer ou à confirmer.

Logo du collectif « Stop TAFTA » (www.collectifstoptafta.org)

Qui peut deviner les retombées économiques pour l’Europe que générera le TAFTA ? Ces arguments économiques ressemblent surtout à un miroir aux alouettes dans cette période de crise ou chaque pays cherche dramatiquement chaque pourcentage de croissance et chaque milliard d’euros pour réduire sa dette.

On rappellera seulement que les droits de douanes entre l’Europe et les États-Unis sont déjà très bas (de l’ordre de 2 à 3%, hors agriculture), il n’y a donc pas de gisement d’économies fabuleux à réaliser en réduction de frais d’exportation. Benjamin Coriat, des Économistes Atterrés, résume ainsi « Les échanges marchent déjà très bien entre l’Europe et les États-Unis, du coup cette accord relève exclusivement de la question des normes. Qui s’aligneront forcément par le bas.« 

5/ Un marché de dupe des Américains ?

Une autre question clé à poser sur le TAFTA est celle de l’intérêt des Américains. A écouter la Commission Européenne ce traité serait surtout au bénéfice de l’Europe (entre les lignes on nous suggérerait même que si les USA sont prêts à signer ça, on devrait se dépêcher avant qu’ils ne changent d’avis). Qu’en est-il vraiment ?

Les USA cherchent surtout à ré-équilibrer leur balance commerciale catastrophique

Pour commencer on rappellera qu’au départ ce traité est une initiative Américaine. Elle s’inscrit dans la démarche étasunienne de signer des accords de libre échange avec leurs voisins et partenaires commerciaux: cela a commencé en 1994 avec l’ALENA signé avec le Mexique et le Canada, porté déjà à l’époque par une administration démocrate (NDLR: l’administration Clinton), et cela se poursuit en parallèle sur l’axe asiatique avec la négociation du TPP (Trans-Pacific Partnership) qui est l’exact « cousin » du TTIP proposé à l’Europe. Au delà du fait qu’il serait très surprenant que les États-Unis proposent tout azimut des traités dans lesquels ils seraient perdants, on peut s’interroger sur leurs intérêts pour le libre-échange.

Primo, il est certains que les USA cherchent a ré-équilibrer leur balance commerciale catastrophique avec les autres pays du monde. Ce problème majeur de l’économie américaine qui vit à crédit depuis des années (ce que les économistes n’hésitent pas à qualifier de « bombe à retardement ») commencent à inquiéter sérieusement outre-Atlantique. Si les grosses entreprises peinent à conquérir les marchés à l’étranger, il faut chercher à corriger cela à travers ces propositions de traités.

Quid du « buy american act » ?

Secondo, quand la main droite de l’Administration Obama propose du libre échange aux pays de la zone Europe et de la zone Asie, la main gauche renforce le « buy american act » mesure protectionniste par excellence sensée protéger le marché américain des produits et services étrangers… Doit-on s’attendre à ce que les USA reviennent sur cette loi ? Est-ce que cet abandon ne devrait pas être un pré-requis à tout début de négociation ?

Tertio, les Américains, négocient en tant qu’état souverain alors que l’union européenne est divisée avec chacun ses intérêts. Une situation de négociation terriblement déséquilibrée (au désavantage de l’Europe) que Gérard Filoche résume ainsi sur son site:

« En apparence, il s’agit de deux blocs économiques d’importance équivalente. La réalité est cependant bien différente, la confrontation opposerait un porte-avion et un chalutier. Les États-Unis sont un géant économique, politique et diplomatique, l’Union européenne est un géant économique mais un nain politique…

Les États-Unis n’hésitent pas à verser toutes les aides publiques nécessaires au soutien de leurs « champions industriels ». Les articles 107 à 109 du traité de Lisbonne interdisent aux États membres de l’UE de verser des aides publiques aux entreprises… Les marchés publics des États-Unis sont réservés à 25 % à leurs PME…

Un accord de « libre-échange » avec l’UE n’engagerait que l’État fédéral, pas les marchés publics des 50 États américains. La Commission européenne, de son côté, supprime à marche forcée toute restriction d’accès aux marchés publics des États-membres de l’Union européenne… »

Des négociations menées avec une Europe en position de faiblesse

Pour terminer sur le déséquilibre des négociations, on rappellera que grâce à Edward Snowden nous savons maintenant que les USA écoutent l’Europe via le programme de surveillance Prism de la NSA. Ils sont donc en mesure de connaître la marge de négociation maximale de chaque pays et d’exploiter autant que faire se peut nos divisions internes… L’Europe n’est donc pas du tout en position d’imposer une version du traité optimale pour elle dans ces négociations.

6/ Sept raisons pour refuser de négocier l’accord de libre échange UE-USA

Pour conclure ce dossier sur le TAFTA, intéressons-nous au texte de Susan George et Cécile Monnier (toutes deux membres de Nouvelle Donne) qui expose sur Mediapart 7 raisons qui devraient nous conduire à « l’abandon pur et simple des négociations autour du Tafta » : un traité « façonné par des multinationales », et qui entend « privatiser » non seulement la justice mais une part du travail législatif. 

« Parce que son nom, Tafta ou TTIP, ne dit pas la vérité sur son contenu. Ce traité concerne peu le commerce, mais davantage l’investissement, et s’intéresse surtout aux règlements et normes qui gouvernent toute mise sur le marché d’un produit ou d’un processus.

Parce que les tarifs douaniers que vise à faire tomber le Tafta sont déjà très bas – de l’ordre de 2% à 3%, sauf pour l’agriculture. Si on devait diminuer les barrières douanières en Europe, ce serait la mort programmée d’une grande partie des agriculteurs européens.

Parce que ce traité a été conçu et façonné depuis de longues années par des multinationales des deux côtés de l’Atlantique, dont le souci majeur est de réduire et « d’harmoniser » vers le bas les deux systèmes. Ces entreprises pensent ainsi économiser des milliards d’euros, mais cette économie se fera au prix d’une baisse de la protection du consommateur, de sa santé, de sa protection sociale et de l’environnement. Les États-Unis ne voient aucun inconvénient aux OGM, gaz de schiste, bœuf nourri aux hormones, poulets rincés au chlore, médicaments hors de prix. En revanche, ils voient d’un très mauvais œil – tout comme les grands groupes européens – les produits pharmaceutiques génériques, l’amélioration de la protection sociale, des salaires ou encore des retraites, les services publics qui « devraient » être privatisés, ainsi que toute restriction de la liberté du marché ou de la sacro-sainte « concurrence libre et non faussée ».

Parce que si un État mettait en place une loi ou toute autre mesure risquant d’entamer les profits actuels ou même futurs d’un investisseur étranger, celui-ci pourrait traduire cet État devant un tribunal d’arbitrage privé. Ce tribunal pourrait alors décider d’une compensation en faveur de l’investisseur (sous d’autres traités bilatéraux similaires, la plus importante compensation imposée a été de 1,1 milliard de dollars).  Ce sont bien sûr les contribuables qui paieraient ces amendes, ainsi que les coûts élevés de justice (avocats et arbitres spécialisés, pour le moment surtout américains et britanniques).

Parce que ce traité entend privatiser non seulement la justice par le système de l’arbitrage privé, injustifié dans des pays où les cours de justice sont fiables et non corrompues, mais aussi une partie des fonctions législatives qui concernent la régulation des marchés et les lois qui protègent les citoyens. Les États seront amenés à bien réfléchir avant d’adopter de nouvelles lois protectrices, de crainte d’être assaillis de procès longs et coûteux.

Parce que ce traité est rétroactif et couvrira les investissements déjà effectués, soit environ 3 000 milliards de part et d’autre de l’Atlantique.

Parce qu’il est secret et négocié dans un déni de démocratie total: même les parlementaires européens n’ont pas le droit de le lire ou de consulter les compte-rendus des cycles de négociation.

Comment peut-on accepter qu’un traité qui mettrait à mal toutes nos normes et réglementations et qui soumettrait nos États et nos collectivités à la volonté des multinationales soit négocié dans le dos des citoyens ? Encore une fois, Nouvelle Donne demande l’abandon pur et simple des négociations autour du TAFTA : sans dramatisation, mais avec conviction, refusons de nous asseoir à cette table-là !  « 

Susan George, membre du comité de soutien de Nouvelle Donne et présidente d’honneur d’Attac
Cécile Monnier, candidate dans le sud-ouest aux élections européennes pour Nouvelle Donne
La première partie de ce dossier sur le TAFTA a été publiée la semaine dernière, analysant notamment le contenu du mandat de négociation donné à la Commission Européenne

Sources et compléments :


Vidéo: le TAFTA pour les nuls

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Pour compléter le dossier publié le mois dernier sur le traité de libre-échange transatlantique (ou TAFTA en Anglais) voici une petite vidéo humoristique résumant les enjeux autour de ce partenariat avec les USA.

Le TAFTA expliqué en vidéoDiffusé par le collectif « Stop TAFTA« , réunissant les opposants au « grand marché transatlantique », cette vidéo reprend l’argumentaire amenant un nombre croissant d’Européens à exiger plus de transparence dans les négociation et le retrait pur et simple du mandat de négociation donné à la Commission Européenne au printemps dernier.

Citation d’Antonio Gramsci

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Antonio Gramsci, membre fondateur du Parti communiste italien

« Le vieux  monde se meurt, le nouveau monde tarde à apparaître et dans ce clair obscur, surgissent les monstres.« 

Antonio Gramsci, écrivain et politique Italien, (1891-1937)

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Citation de Milton Friedman

Citation de Victor Hugo

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Victor Hugo portrait

« Entre Reims et Varennes, entre le sacre et le détrônement, il n’y a que quinze lieu pour mon cocher ; pour l’esprit, il y a un abîme: la Révolution.« 

Victor Hugo, écrivain Français, (1802-1885)

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Thomas Piketty fixe les enjeux de l’Europe 2015

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Auréolé par le phénoménal succès l’année dernière de son « Capital du XXIe siècle » (ouvrage qui a connu un triomphe aux États-Unis alors qu’il dénonce la montée des inégalités dans le monde et suggère d’augmenter les taxes sur les hauts revenus), Thomas Piketty a publié il y a quelques jour une chronique dans Libération appelant à faire bouger l’Europe. 
Montée de Podemos en Espagne et de Syriza en Grèce, rôle de l’Allemagne et de la France, nécessité de légiférer après les révélations LuxLeaks, démocratisation des institutions Européennes etc… l’économiste Français balaie les défis de l’Europe pour l’année qui vient. En rappelant les solutions utilisées après-guerre pour réduire la dette et en révélant l’hypocrisie de la France et de l’Allemagne face aux pays du Sud, il dresse l’éventail des possibilités qui s’offrent maintenant aux Européens, au sein desquelles il dessine le chemin que l’Europe devra suivre pour sortir de la crise institutionnelle et économique.

Texte initialement publié le 29 Décembre 2014 par Libération.

2015 : quels chocs pour faire bouger l’Europe ?

Thomas Piketty dans son bureau

Thomas Piketty dans son bureau (Photo @Challenges.fr)

Le plus triste, dans la crise européenne, est l’entêtement des dirigeants en place à présenter leur politique comme la seule possible, et la crainte que leur inspire toute secousse politique susceptible d’altérer cet heureux équilibre.

La palme du cynisme revient sans doute à Jean-Claude Juncker, qui depuis les révélations LuxLeaks explique tranquillement à l’Europe ébahie qu’il n’a eu d’autre choix, lorsqu’il était à la tête du Luxembourg, que de siphonner la base fiscale de ses voisins : l’industrie déclinait, voyez-vous, il fallait bien trouver une nouvelle stratégie de développement pour mon pays ; que pouvais-je donc faire d’autre que de devenir l’un des pires paradis fiscaux de la planète ? Les voisins, en prise eux aussi avec la désindustrialisation depuis des décennies, apprécieront.

Seule une refondation démocratique de l’Europe permettrait de mener des politiques de progrès social

Aujourd’hui, il ne suffit plus de s’excuser : il est temps de reconnaître que ce sont les institutions européennes elles-mêmes qui sont en cause, et que seule une refondation démocratique de l’Europe permettrait de mener des politiques de progrès social. Concrètement, si l’on veut vraiment éviter que de nouveaux scandales LuxLeaks ne se reproduisent, il faut sortir de la règle de l’unanimité en matière fiscale, et prendre toutes les décisions concernant l’imposition des grandes sociétés (et idéalement des plus hauts revenus et des plus grandes fortunes) suivant la règle de la majorité. Et si le Luxembourg et d’autres pays le refusent, cela ne doit pas empêcher les pays qui le souhaitent de constituer un noyau dur avançant dans cette voie, et de prendre les sanctions qui s’imposent contre ceux qui continuent de vouloir vivre de l’opacité financière.

c’est par l’inflation et la répudiation pure et simple que l’Allemagne et la France se sont débarrassés de leur dette au siècle dernier

La palme de l’amnésie revient quant à elle à l’Allemagne, avec la France en fidèle second. En 1945, ces deux pays avaient une dette publique dépassant 200% du PIB. En 1950, elle était tombée à moins de 30%. Que s’est-il passé, aurait-on soudainement dégagé les excédents budgétaires permettant de rembourser une telle dette ? Évidemment non : c’est par l’inflation et la répudiation pure et simple que l’Allemagne et la France se sont débarrassés de leur dette au siècle dernier. S’ils avaient tenté de dégager patiemment des excédents de 1% ou 2% du PIB par an, alors on y serait encore, et il aurait été beaucoup plus difficile pour les gouvernements de l’après-guerre d’investir dans la croissance. Ce sont pourtant ces deux pays qui expliquent depuis 2010-2011 aux pays d’Europe du Sud que leur dette publique devra être remboursée jusqu’au dernier euro. Il s’agit d’un égoïsme à courte vue, car le nouveau traité budgétaire adopté en 2012 sous la pression de l’Allemagne et la France, qui organise l’austérité en Europe (avec une réduction excessivement rapide des déficits et un système de sanctions automatiques totalement inopérant), a conduit à une récession généralisée en zone euro. Alors même que l’économie est repartie partout ailleurs, aux États-Unis comme dans les pays de l’Union européenne restés au dehors de la zone euro.

Puisque l’on paie un taux d’intérêt très faible, à quoi bon le partager ?

Dans ce duo, la palme de l’hypocrisie revient sans conteste aux dirigeants français, qui passent leur temps à rejeter toutes les fautes sur l’Allemagne, alors qu’il s’agit clairement d’une responsabilité partagée. Le nouveau traité budgétaire, négocié par l’ancienne majorité, et ratifié par la nouvelle, n’aurait pu être adopté sans la France, qui en vérité a fait comme l’Allemagne le choix de l’égoïsme vis-à-vis de l’Europe du Sud : puisque l’on paie un taux d’intérêt très faible, à quoi bon le partager ? En vérité, une monnaie unique ne peut fonctionner avec 18 dettes publiques et 18 taux d’intérêt sur lesquels les marchés financiers peuvent librement spéculer. Il faudrait investir massivement dans la formation, l’innovation et les technologies vertes. On fait tout le contraire : actuellement, l’Italie consacre près de 6% du PIB à payer des intérêts de la dette, et investit à peine 1% du PIB dans l’ensemble de ses universités.

Il y a [...] trois possibilités : une nouvelle crise financière ; un choc politique venant de la gauche ; ou bien un choc politique venant de la droite.

Alors, quels chocs pourraient permettre de faire bouger les lignes en 2015 ? Il y a, en gros, trois possibilités : une nouvelle crise financière ; un choc politique venant de la gauche ; ou bien un choc politique venant de la droite. Les dirigeants européens actuels devraient avoir l’intelligence de reconnaître que la deuxième possibilité est de loin la meilleure : les mouvements politiques qui prospèrent aujourd’hui à la gauche de la gauche, comme Podemos en Espagne ou Syriza en Grèce, sont fondamentalement internationalistes et proeuropéens. Plutôt que de les rejeter, il faudrait au contraire travailler avec eux pour formuler les contours d’une refondation démocratique de l’UE.

Les dirigeants européens actuels devraient avoir l’intelligence de reconnaître que la deuxième possibilité est de loin la meilleure

Faute de quoi, on risque fort de se retrouver avec un choc autrement plus inquiétant, venu de la droite : compte tenu du mode de scrutin, il est tout à fait possible que le FN emporte des régions lors des régionales de décembre 2015. On peut aussi, car c’est l’heure des vœux, espérer l’impossible. Au point où il en est, François Hollande serait bien inspiré de reconnaître ses erreurs de 2012, et de tendre la main à l’Europe du Sud, afin de formuler enfin des propositions audacieuses pour notre continent.

Thomas PIKETTY directeur d’études à l’EHESS et professeur à l’Ecole d’économie de Paris.

Citation de Ghaleb Bencheikh

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Ghaleb Bencheikh

« L’extrémisme est le culte sans la culture ; le fondamentalisme est la croyance sans la connaissance ; l’intégrisme est la religiosité sans la spiritualité.« 

Ghaleb Bencheikh, docteur en Science physique Franco-Algérien, (1960-), extrait de son appel à refonder la pensée théologique islamique.

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Citation de Yeshayahou Leibowitz

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Yeshayahu Leibowitz, philosophe et moraliste Israélien

« Un pays qui administre une population hostile d’un million d’étrangers, deviendra nécessairement un Etat Shin Bet avec toutes les conséquences que cela implique en terme de liberté de parole et de pensée et de démocratie. La corruption inhérente à un régime colonial contaminera Israël. Le pouvoir devra réprimer la révolte arabe d’un côté et s’attacher les services de collaborateurs arabes de l’autre. »

Yeshayahou Leibowitz, chimiste, historien de la science et philosophe Israélien, (1903-1994)

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Citation de Susan George

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Susan George, co-fondatrice d'ATTAC

« On ne promet pas la lune. On ne dit pas que l’on a réponse à tout, mais l’on a des solutions. Notre but est de faire des sociétés décentes et rationnelles où les gens vivent à peu près bien, où il y a relativement peu d’inégalités, et où à peu près tout le monde a un emploi, est bien soigné et peut offrir une bonne éducation à ses enfants. »

Susan George, écrivaine franco-américaine et militante altermondialiste (1934-), dans Susan George au Devoir – Récompenser les coupables, punir les victimes, en Août 2011.

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Rapport sur la dette Grecque: la vérité derrière le storytelling Européen

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Alors que la Grèce et ses créanciers ont échoué à trouver un accord avant le 30 Juin, le gouvernement Tsipras organise dans l’urgence un référendum dont les objectifs restent flous. Mais il ne faudrait pas s’affranchir de questionner la mise en récit imposée par les Européens pour convaincre de la légitimité de leur action. Dans cette perspective,  le résumé du rapport sur la dette Grecque proposé il y a une dizaine de jours par Romaric Godin (La Tribune) est particulièrement instructif.

dette grecque

(Illustration ATTAC France)

Le Comité sur la vérité concernant la dette publique grecque va remettre, ce jeudi 18 juin, son rapport préliminaire à la présidente du parlement hellénique. Un rapport qui soutient la position du gouvernement hellénique.

Le Comité apporte en effet une déconstruction en règle du storytelling européen sur la Grèce depuis 2010. « Nous sommes parvenus à la conclusion que la Grèce ne doit pas payer sa dette parce qu’elle est illégale, illégitime et odieuse. » C’est la principale conclusion du rapport préliminaire du Comité pour la vérité sur la dette mis en place en avril 2015 par la présidente du parlement grec, Zoé Konstantopoulou. Ce rapport préliminaire (dont on trouvera ici un résumé en français) sera connu dans le détail ce jeudi 18 juin, mais le comité en a présenté dès mercredi les principales conclusions. Des conclusions particulièrement inquiétantes pour les créanciers.

La déconstruction du storytelling européen

Le niveau de dépenses publiques grecques est resté […] inférieur à la moyenne européenne.

Le Comité apporte en effet une déconstruction en règle du storytelling européen sur la Grèce depuis 2010. Rappelons rapidement ce dernier. Le pays a vécu jusqu’en 2009 dans une sorte d’indolence coupable jusqu’à ce que les marchés, censeurs justes et impitoyables, réveillent les Hellènes et les appellent à expier leurs fautes. Le FMI et les Européens sont alors venus au secours des Grecs avec bienveillance, en leur prêtant les sommes nécessaires à leur sauvetage, mais, évidemment, en leur imposant, pour leur propre bien, des « réformes » destinées à les protéger, à l’avenir, de telles crises. Le Comité a, mercredi, rejeté entièrement ce qui apparaît désormais comme un mythe.

Aussi a-t-il rappelé ces faits têtus qui, à eux seuls, réduisent à néant ce storytelling. Le niveau de dépenses publiques grecques est resté, durant toute la période, inférieur à la moyenne européenne. Les raisons de l’explosion de la dette résident ailleurs : jusqu’à l’entrée dans la zone euro, ce sont les taux d’intérêts élevés qui ont fait exploser principalement l’endettement qui avait été contracté par la Grèce pour ramener le niveau de protection sociale du pays à un niveau qui, in fine, est toujours resté en deçà de celui de l’Europe occidentale. Une fois dans la zone euro, la dette publique a été augmentée sous l’effet cette fois de taux anormalement bas et d’une perte de compétitivité brutale. Le Comité insiste aussi sur le niveau « injustifié » des dépenses militaires et l’importance de l’évasion fiscale qui a pesé sur les recettes. Point donc de Grecs paresseux vivant de la dépense publique et comptant sur l’argent « allemand » pour payer.

Point donc de Grecs paresseux vivant de la dépense publique et comptant sur l’argent « allemand » pour payer.

Surtout, le Comité rappelle que la crise grecque trouve aussi son origine dans l’explosion de l’endettement privé, alimenté par les banques grecques et étrangères dans le pays. Il souligne que le gouvernement de George Papandréou en 2009 s’est évertué « à présenter les éléments d’une crise bancaire en crise de la dette souveraine ». Le Comité confirme ainsi les doutes qui circulaient en Grèce depuis quelques années : ce gouvernement a volontairement intégré, avec la complicité d’Eurostat, des éléments qui ne devaient pas l’être dans le calcul du déficit public et de la dette pour 2009. Le but était d’alimenter le storytelling de la dépense excessive.

Les pressions de 2010 pour une solution imposée

Le Comité souligne ensuite combien le « sauvetage » de 2010 est empreint d’illégalités et de pressions. Il révèle ainsi que le FMI était entièrement conscient à la fois des conséquences sociales des mesures imposées à la Grèce et du caractère insoutenable des « aides » accordées à la Grèce. Ces deux éléments rendent les prêts du FMI à la fois illégaux (le FMI ne peut prêter à un pays qui n’a pas la capacité de rembourser) et illégitimes dans la mesure où les « droits humains » ont été violés par des mesures dont les conséquences sociales étaient clairement évaluées.

Le Comité souligne ensuite combien le « sauvetage » de 2010 est empreint d’illégalités et de pressions

Le Comité insiste sur le fait que les Européens et le FMI ont, en 2010, tout fait pour empêcher le gouvernement grec de procéder à une restructuration de sa dette. Il met en avant l’intervention de la BCE qui, dès avril 2010, avait menacé, dans ce cas, de couper l’accès des banques grecques à la liquidité d’urgence, inaugurant ainsi une méthode utilisée encore en Irlande en novembre de la même année, puis à Chypre en mars 2013. En imposant de nouvelles dettes pour rembourser les anciennes, les Européens ont alors permis aux banques détentrices de dette publique grecque de se désengager massivement, un désengagement encore facilité par les rachats de la BCE dans le cadre du programme SMP de la BCE. Cette méthode a clairement été imposée aux Grecs.

Dette illégale, illégitime et odieuse

Le Comité insiste aussi sur l’aspect non démocratique du mémorandum de 2012 qui contourne soigneusement la Constitution hellénique en relevant du droit anglais.

Le Comité s’intéresse ensuite dans le détail aux prêts accordés à la Grèce et il estime qu’il y a, dans tous les cas, lieu de plaider leur caractère illégal, illégitime ou odieux. On l’a vu dans le cas du FMI, mais c’est également le cas des dettes détenues par la BCE qui, rappelons-le, sont les seules dettes privées émises avant 2012 à avoir échappé à la restructuration de mars 2012. Le Comité souligne que, dans tous les cas, les conditions imposées à la Grèce pour l’obtention des prêts posent de sérieux problèmes en raison de leur conditionnalité qui a réduit à néant la capacité d’action budgétaire de la Grèce tout en imposant des mesures ayant des conséquences économiques et sociales dramatiques qui, selon le Comité, enfreignent les « droits humains fondamentaux ». Dès lors, cette dette peut être considérée comme odieuse. Le Comité insiste aussi sur l’aspect non démocratique du mémorandum de 2012 qui contourne soigneusement la Constitution hellénique en relevant du droit anglais.

Bases suffisantes pour une annulation ou une suspension

Si donc le Comité s’avance autant, c’est que, très clairement, la Grèce a des chances de l’emporter devant un tribunal international

Tous ces arguments permettent au Comité de considérer qu’il existe des bases suffisantes pour annuler unilatéralement une grande partie de la dette grecque ou en suspendre le remboursement. C’est une arme redoutable que le gouvernement grec a désormais à sa disposition. Certes, ce rapport n’engage en rien Alexis Tsipras, et le gouvernement grec se garde bien de le commenter. Mais, dans la partie d’échecs avec les créanciers, c’est un coup redoutable à sa disposition. Sans doute les créanciers n’accepteront-ils jamais les conclusions de ce comité, pas davantage du reste que sa légitimité. Mais en cas de rupture et de conflit ouvert, ce sera un élément décisif. La notion de dette odieuse est désormais bien établie en droit international et, si l’on peut estimer que les membres du comité étaient, au départ, favorables à la Grèce, il est impossible de leur contester leurs compétences juridiques et leur expérience dans ce domaine. Si donc le Comité s’avance autant, c’est que, très clairement, la Grèce a des chances de l’emporter devant un tribunal international, comme ce fut le cas, rappelons-le, de l’Islande qui, dans l’affaire Icesave, a obtenu gain de cause en 2013 contre le Royaume-Uni et les Pays-Bas.

Arme contre le FMI

Pour le moment, il n’est peut-être pas temps pour Athènes d’utiliser cette arme. Mais elle rééquilibre à point nommé les rapports de force dans le bras de fer avec les créanciers. Surtout, elle va permettre à la Grèce d’utiliser des arguments concrets pour obtenir une restructuration de sa dette. Enfin, elle permet de relativiser les conséquences du défaut vis-à-vis du FMI. Si l’institution de Washington décide de lancer une procédure contre la Grèce en refusant de rééchelonner les échéances, Athènes pourra contester la dette elle-même et le Fonds sera alors dans une position délicate.

Le rapport du Comité n’est donc pas certainement une panacée. Mais c’est un élément nouveau essentiel dans la crise grecque.

Citation de G. K. Chesterton

Thomas Piketty décortique la récession européenne

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Thomas Piketty publie sur son blog hébergé par Le Monde un billet particulièrement instructif sur la récession Européenne depuis 2007. Analysant les dernières statistiques publiées par Eurostat, l’auteur du « Capital du XXIe siècle » propose une étude comparée de la progression des PIB Américain et Européen. Le retour de la récession en Europe entre 2010 et 2012 – alors que les États-Unis sont en pleine reprise – est selon lui directement imputable au manque de souplesse budgétaire et à l’absurde politique de réduction des déficits imposée par les traités Européens. En tous cas le différentiel de chaque coté de l’Atlantique est impressionnant…

Texte initialement publié le 8 Janvier 2016 par Thomas Piketty sur son blog.

2007-2015: une si longue récession

En ce début d’année 2016, il n’est pas inutile de faire le point sur la situation économique de la zone euro, sur la base des dernières données publiées par Eurostat. Cela permettra également de répondre à plusieurs questions posées par les internautes à la suite de ma chronique « Changer l’Europe, maintenant« .

Commençons par comparer la situation des pays de la zone euro, considérés globalement, à celle des Etats-Unis.

Niveau d'activité économique comparé (PIB) (base 100 en 2007)

Niveau d’activité économique comparé (PIB) (base 100 en 2007)

On constate tout d’abord que la « grande récession » de 2007-2009, provoquée initialement par la crise américaine des subprimes et la faillite de Lehman Brothers en septembre 2008, a eu approximativement la même ampleur en Europe et aux Etats-Unis. Des deux côtés de l’Atlantique, le niveau d’activité économique chute d’environ 5% entre fin 2007 et début 2009, ce qui en fait la plus grave récession mondiale depuis la crise des années 1930.

La reprise commence courant 2009, et le niveau d’activité retrouve fin 2010-début 2011 quasiment le même niveau que celui de fin 2007. C’est alors que se produit en 2011-2013 une nouvelle rechute de l’activité en zone euro, alors que la reprise se poursuit tranquillement aux Etats-Unis. La croissance finit par reprendre timidement au début de l’année 2013 en Europe, mais le mal est fait: à la fin de l’année 2015, le PIB de la zone euro n’a toujours pas dépassé son niveau de fin 2007, alors que les Etats-Unis ont connu une croissance cumulée de plus de 10% entre 2007 et 2015. Compte tenu de la croissance de la population, lente mais positive, notamment en France, il ne fait aucun doute que le niveau de PIB par habitant en zone euro sera en 2016-2017 inférieur à ce qu’il était en 2007. Une décennie perdue, en quelque sorte: du jamais vu depuis la Seconde guerre mondiale.

Les raisons de la rechute européenne de 2011-2013 sont maintenant bien connues: alors que les Etats-Unis ont fait preuve d’une relative souplesse budgétaire afin de maintenir le cap sur la croissance, les pays de la zone euro ont tenté de réduire les déficits trop vite en 2011-2013, avec en particulier de trop lourdes augmentations d’impôt en France, ce qui a conduit à casser la reprise et à la montée du chômage, et pour finir des déficits et de l’endettement public que l’on prétendait vouloir réduire.

Cela n’a aucun sens de demander à des pays dont le niveau d’activité est 10% ou 20% plus bas qu’il y a 10 ans de dégager des excédents primaires de 3% ou 4% du PIB.

Pourquoi les Européens se sont-ils si mal coordonnés, transformant ainsi une crise venue du secteur financier privé américain en une crise européenne durable de la dette publique? Sans doute parce que les institutions de la zone euro n’étaient pas conçues pour faire face à une telle tempête. Une monnaie unique avec 19 dettes publiques différentes, 19 taux d’intérêt sur lesquels les marchés peuvent librement spéculer, 19 impôts sur les sociétés en concurrence débridée les uns avec les autres, sans socle social et éducatif commun, cela ne peut pas marcher. Sans doute aussi surtout parce que la montée des égoïsmes nationaux a empêché les Européens d’adapter leurs institutions et leurs politiques. Concrètement, quand les marchés financiers ont commencé à spéculer sur la dette des pays d’Europe du Sud, à partir de 2010-2011, l’Allemagne et la France ont au contraire bénéficié de taux d’intérêt historiquement bas, et se sont lavés les mains du fait que le sud de la zone s’enfonçait dans la récession.

De ce point de vue, le graphique suivant est édifiant:

Niveau d'activité économique comparé (PIB) (base 100 en 2007)

Niveau d’activité économique comparé (PIB) (base 100 en 2007)

On constate que la moyenne de la zone euro cache des réalités très différentes entre les pays de la zone. Alors que l’Allemagne et la France s’en sont relativement mieux sortis (avec tout de même un retard de croissance sensible sur les Etats-Unis), la cure d’austérité, l’explosion des taux d’intérêt et la crise de défiance dans le secteur financier ont fait des ravages en Italie, en Espagne et au Portugal.

Le cas le plus extrême est bien sûr celui de la Grèce, dont le niveau d’activité économique est encore aujourd’hui un quart plus faible que ce qu’il était en 2007:

Niveau d'activité économique comparé (PIB), avec Grèce (base 100 en 2007)

Niveau d’activité économique comparé (PIB), avec Grèce (base 100 en 2007)

Que faire aujourd’hui? Je ne reprendrai pas ici les arguments développés dans « Changer l’Europe, maintenant« : conférence des pays de la zone euro pour décider d’un moratoire sur les repaiements et d’un processus de restructuration de la dette (comme il y en a eu en Europe dans les années 1950, et dont a notamment bénéficié l’Allemagne); renégociation du traité budgétaire de 2012 afin d’y introduire enfin de la démocratie et de la justice fiscale. Ce qui est certain, et ce que ces quelques graphiques illustrent assez clairement, c’est que cela n’a aucun sens de demander à des pays dont le niveau d’activité est 10% ou 20% plus bas qu’il y a 10 ans de dégager des excédents primaires de 3% ou 4% du PIB. C’est pourtant ce que les institutions de la zone euro, portées par l’Allemagne et la France, continue de demander à la Grèce, au Portugal, et à l’ensemble de l’Europe du Sud. La priorité absolue aujourd’hui devrait au contraire être de décréter un moratoire sur la dette tant que le niveau d’activité et d’emploi n’a pas retrouvé un niveau correct. Si l’on ajoute à cela que l’on aurait bien besoin de la mobilisation de tous, et notamment de l’Europe du Sud, pour se montrer unis et coopératifs face à la crise des réfugiés, alors la stratégie européenne actuelle relève véritablement du suicide et de l’irrationalité collective.

Sociologie de l’excuse: est-ce qu’on reprocherait à un géologue d’enquêter sur les causes d’un tremblement de terre ?

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« Il ne peut y avoir aucune explication qui vaille. Car expliquer c’est déjà un peu excuser ». Voici ce que déclarait Manuel Valls le 9 Janvier pour les commémorations de l’attentat de l’Hyper Casher. L’amalgame entre explication et excuse ressemble quasi mot pour mot à la célèbre réponse de Nicolas Sarkozy à Arlette Chabot en 2007: « Quand on veut expliquer l’inexplicable, c’est qu’on s’apprête à excuser l’inexcusable » .

L'émission Mes chers contemporains consacrée à la culture de l'excuseTenter de le comprendre serait, à les écouter, faire le jeu de l’ennemi… Moi qui bêtement croyait que dans toute guerre c’était la première étape vers la victoire… Cette forme d’obscurantisme, visant à s’interdire l’analyse, a petit à petit gagné l’ensemble de la sphère politico-médiatique. C’est maintenant à longueur d’antenne que l’on dénonce la « culture de l’excuse » sensée être la cause des problèmes.

Cette cabale injuste et bouleversante de bêtise contre la sociologie n’a pas manqué d’alerter Usul, le  blogueur vidéo auteur de la web série Française Mes chers contemporains. Il a consacré au sujet sa dernière vidéo qui analyse le phénomène en profondeur.

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